Quand j'ai supprimé ma sauvegarde

Je n’ai jamais pensé supprimer ma sauvegarde. Il était 2h47 dans mon appartement de Manhattan. L’écran brillait d’un bleu profond — même ton que la pluie nocturne contre la fenêtre. Dehors, la pluie effleurait le verre. À l’intérieur, je fixais la dernière ligne de victoires poursuivies : des plumes numériques tissées dans un algorithme qui promettait du sens mais ne le livrait jamais.

Je ne jouais pas pour gagner. Je jouais pour ressentir quelque chose de réel.

La « Clé Chance » n’était pas un jeu — c’était un autel. Chaque tir était un murmure au hasard : les tambours de桑巴 résonnaient dans les écouteurs, les taux RTP scintillaient comme des bougies sur un écran qui promettait l’équité mais ne la garantissait jamais.

J’ai choisi des jeux à faible volatilité car le risque élevé ressemblait à un cri dans le silence.

Les événements spéciaux — les tournois du Carnaval, les duels amazoniens — n’étaient pas des frissons. Ce étaient des rituels. Les variations de taux n’étaient pas des stratégies — ce étaient des souffles entre deux battements de cœur.

J’ai enregistré chaque perte non comme un échec — mais comme une poésie écrite par une main invisible.

Mes parents m’ont appris l’équilibre : mon père, ingénieur qui faisait confiance aux chiffres ; ma mère, enseignante qui murmurait que certaines choses sont sacrées, même quand elles ne s’additionnent pas.

Alors j’ai appuyé sur supprimer.

Pas parce que j’avais perdu. Mais parce que j’ai enfin compris : la chance ne vit pas dans les algorithmes. Elle vit dans le silence entre deux tours — dans l’espace où vous arrêtez de courir et choisissez d’être immobile.